Traduit par Maroti
800 mots
L’auberge était sombre et vide. Elle se dressait, silencieuse, sur une
colline herbeuse entourée de ruines. La pourriture et l’âge avaient abattu les
autres bâtisses ; les intempéries et l’écosystème avaient réduit les fondations
de pierres en gravas et les murs de bois étaient devenus un amas de planches
pourries mélangées au sol. Mais l’auberge tenait toujours debout.
Elle attendait. Pas de manière consciente ou réfléchie, mais à la manière
dont tous les bâtiments attendent. Elle attendait que quelqu’un la
trouve. N’était-ce pas là le but d’une auberge ? Et quelqu’un, en effet,
finit par la trouver.
Une jeune femme trébucha à travers les hautes herbes, gravissant la colline.
Ses jambes tremblaient et elle luttait pour respirer. Ses poumons la brûlaient.
Son bras droit était brûlé, de la fumée continuait de s’échapper des
restes calcinés de son épaule, et ses jambes saignaient. Plusieurs entailles,
peu profondes, avaient déchiré l’arrière de son pantalon.
Mais elle continuait à escalader la colline, parce qu’une auberge se
trouvait là. Après tout, il n’y avait pas d’erreur possible. Malgré les années,
le bâtiment se trouvait au milieu des ruines, en majeure partie épargné par le
passage du temps. La construction de l’auberge était supérieure aux autres
bâtiments. Ou peut-être que quelque chose d’autre — encore — l’avait maintenue
debout.
Quoi qu’il en soit, ce n’était pas ce qui avait attiré la jeune femme
jusqu’à l’auberge.
Ce n’était qu’une simple pensée.
Une auberge. Dans tous les mondes, c’était un symbole. Elle est autant un
lieu pour faire des rencontres et se reposer qu’un lieu crucial où des quêtes
épiques pouvaient commencer. L’âtre d’une auberge et le doux feu qui y brûlait
la nuit étaient un phare pour les épuisés, les affamés et les désespérés. Mais
cette auberge était sombre.
L’enseigne de l’auberge était vermoulue, et les années avaient effacées le
nom qui s’y trouvait. Les fenêtres étaient ternes et fermées, mais la jeune
femme, la vagabonde, n’avait nulle part où aller. Lentement, hésitante, elle
tituba vers la porte et tira sur l’humble poignée.
Rien ne se passa.
Après un court instant, elle poussa la poignée et la porte s’ouvrit en
grinçant. Prenant son courage à deux mains, la jeune femme jeta un œil dans la
pièce sombre qui se trouvait devant elle. Son instinct lui disait qu’il
s’agissait d’une salle commune, un lieu où les repas et les boissons étaient
normalement servis. Cependant, l’auberge était déserte depuis bien longtemps et
une épaisse couche de poussière s’était accumulée dans chaque recoin.
« Bien sûr qu’elle est vide. »
L’intruse soupira et s’appuya contre l’encadrement de la porte, épuisée.
Elle reposa son front contre l’un de ses bras, grimaçant tandis que ses
brûlures et coupures la faisaient souffrir. Elle luttait pour ne pas pleurer.
Elle s’était doutée que l’auberge serait probablement déserte quand elle
l’avait vue au loin. Elle s’en doutait, mais elle avait espéré que…
« Depuis que je suis arrivée dans ce monde, tout va de travers, n’est-ce pas ? »
Lentement, elle se redressa et s’aventura dans la pièce. L’auberge,
imposante et lugubre, absorbait le bruit de ses pas. Elle avait été construite
pour accueillir un grand nombre de personnes, et la nuit la rendait caverneuse.
La jeune femme avait l’impression que le bâtiment pourrait l’avaler, mais y
avait-il un autre endroit où se réfugier ?
À l’intérieur, les ténèbres. À l’extérieur, pire encore. Il y avait des
choses à l’extérieur. Des monstres. Elle les avait vus. Des monstres, et un
monde inconnu. Un monde qui n’était pas le sien.
Lentement, la jeune fille marcha jusqu’à une chaise et s’écroula dessus. Un
nuage de fumée s’en échappa et elle commença à tousser. La poussière était
omniprésente. Mais elle était fatiguée. Tellement fatiguée. Et même si elle
était vide, abandonnée et déprimante, l’auberge continuait de l’appeler. Ses
murs offraient un peu de sécurité. Alors la jeune femme resta assise et ferma
les yeux pendant un instant.
Il commençait à pleuvoir à l’extérieur. Une forte et froide pluie qui
s’écrasait contre le toit et s’immisçait à travers les fissures. Tapant,
gouttant. Les yeux de la jeune femme s’ouvrirent légèrement tandis que le
battement se transformait en un rugissement. La pluie se changea en tempête. C’était
au moins un problème évité.
C’était paisible. La jeune femme s’installa et la douleur de ses blessures,
l’espace d’un instant, s’estompa. La pluie devint un bruit de fond tandis
qu’elle se détendait pour la première fois depuis ce qui lui semblait être une
éternité. Elle décida qu’elle allait se reposer ici, au moins pour commencer.
Mais une sensation commença à la déranger, quelque chose qu’elle ne pouvait
dire que maintenant, en sécurité. Alors elle ouvrit les yeux et s’adressa à la
pièce vide.
« J’ai super faim. »
Ainsi commence la légendaire histoire de l’Auberge Vagabonde.
Le début d’une grande aventure! Ce premier chapitre ne fait que 800 mots, ce qui est logique pour un prologue.
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Mettez un commentaire ci-dessous si vous trouvez une faute dans le prologue !
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en gravats
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les années avaient effacé….
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Je suis vraiment heureux que cette histoire est entrain d’être traduit en français. Je la lis en anglais (totalement a jour) mais franchement, je suis totalement ouvert à la relire en français.
Beau travail MAROTI sur la traduction.
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Bonjour, beau travail pour la traduction.
Le seul problème et le format sur safari IOS est très difficile a lire avec des lignes ne contenant que 3 mots, sautant a la prochaine ligne pour le reste de la phrase.
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Merci pour ton commentaire ! Pour ce qui est du format sur Safari IOS, c’est bizarre, je vais essayer de régler le problème.
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