1.22

Traduit par EllieVia

5800 mots

 

Une masse mouvante et lumineuse d’insectes noir et vert recouvrait la moitié inférieure de la table et les morceaux de tissu sanglants. Erin regarda les innombrables bestioles qui étaient entrées dans son auberge et se demanda si crier attirerait leur attention. Probablement.

 

C’étaient des bestioles énormes et noires qui ressemblaient vaguement à des lucioles. Sauf que dans leur cas, elles étaient au moins trois fois plus grosses que des lucioles, et que leur abdomen n’était pas joliment brillant, mais plutôt semblables à des orbes luisants et bulbeux qui explosaient quand on les embêtait.

 

Et elles étaient dans l’auberge d’Erin.

 

“Oh non. Non. Ce n’est pas possible.”

 

Lentement, elle longea les murs de la pièce. Les mouches corrosives ne lui prêtèrent aucune attention. Erin se rendit dans la cuisine, posa ses serviettes à un endroit propre, et attrapa un seau. Puis elle se faufila hors de la pièce et courut vers le torrent.

 

***

 

Dix minutes plus tard, Erin ouvrit la porte de l’auberge et se baissa pour éviter une mouche corrosive qui bourdonnait près de son visage. L’insecte repartit en tournoyant en direction des vêtements ensanglantés. Erin plissa les yeux pour mieux voir.

 

On aurait dit que les mouches avaient dévoré, ou fait fondre, une bonne partie des vêtements. Et elles étaient soit repues, soit en train de dormir, parce que la plupart étaient posées sur le pantalon ou autour, au point de ne plus pouvoir bouger.

 

“Parfait.”

 

Erin s’approcha sur la pointe des pieds, marquant une pause toutes les trois secondes pour s’assurer qu’elle ne dérangeait pas les insectes. Le seau était lourd entre ses mains, mais elle était près du but. Elle n’avait qu’à s’approcher assez.

 

Quand elle fût certaine d’être assez proche, Erin prit une grande inspiration puis jeta le contenu du seau sur les mouches. Les insectes furent emportés par la vague d’eau et se débattirent avec impuissance sur leur dos, leurs ailes trop lourdes pour s’envoler.

 

Erin bougea alors très vite. En un instant, elle était dans la cuisine en train d’attraper une des grandes jarres de verre qu’elle utilisait pour stocker les aliments périssables. Elle en sortit un tas d’oignons puis attrapa une spatule pourvue d’un long manche.

 

Les mouches étaient toujours en train de se débattre pour se relever quand Erin revint dans la salle commune. Elle se pencha et commença à les jeter dans la jarre de verre les unes après les autres. Certaines explosèrent lorsque la spatule de bois les toucha, mais Erin comprit rapidement que pour les empêcher d’exploser, il fallait les frapper sur la tête, plutôt que sur leur abdomen vert luisant.

 

En un tournement, elle les avait toutes ramassées et avait scellé la jarre en verre. Ceci fait, elle s’assit sur une chaise et se demanda si elle était maudite.

 

“Donc. Il apparaît que les mouches corrosives aiment le sang. Évidemment. Et dois-je m’attendre à ce qu’elles se posent sur moi la nuit ?”

 

Elle baissa les yeux sur la jarre de mouche. La plupart bourdonnaient gentiment dans la jarre de verre, à présent. Elles s’accrochaient à la paroi de verre, agitant leurs ailes d’un air innocent.

 

Erin leva précautionneusement la jarre et les contempla, à la fois fascinée et horrifiée.

 

“Quatre pattes. Je savais que je n’avais pas rêvé.”

 

Et donc techniquement, il ne s’agissait pas de mouches, mais cela n’avait aucune importance. Elles ressemblaient à des mouches domestiques hypertrophiées, se comportaient comme telles, et si l’on oubliait le moment où elles explosaient en répandant de l’acide, elles étaient aussi inoffensives que des mouches.

 

“Et à présent, j’ai une jarre pleine de ces petites bestioles mortelles. Qu’est-ce que je fais, maintenant ?”

 

Erin contempla la jarre. Les laisser partir était probablement une idée stupide. Principalement parce qu’elles aimaient le sang. Et qu’elle avait ses règles. Par conséquent, elles allaient probablement se poser sur elle et lui faire fondre le visage. Alors, que pouvait-elle faire ?

 

“… Hm.”

 

Erin hésita, puis secoua expérimentalement la jarre. La moitié des mouches corrosives ) l’intérieur explosèrent instantanément. Le liquide, vert et luisant, coula au fond de la jarre de verre alors que les corps des mouches mortes flottaient à la surface.

 

Après avoir vérifié que le couvercle était extrêmement bien fermé, Erin agita très fort la jarre. Ce coup-ci, le reste des mouches corrosives explosa et elle se retrouva avec une flaque d’acide vert et un tas de cadavres de mouches.

 

“Je devrais me sentir mal après ça. Vraiment.”

 

Mais ce n’était pas le cas. Et alors qu’Erin contemplait les mouches mortes flottant sur l’acide, elle eut une idée. Elle posa délicatement la jarre dans un coin de la pièce où elle ne pourrait pas la renverser par accident, et en vida une autre dans la cuisine.

 

“Une jarre pour les insectes, une jarre pour l’acide mortel. Parfait.”

 

Erin ramassa les jarres et hésita de nouveau.

 

“L’acide. Est-ce que ça peut faire fondre le verre ?”

 

Elle le pensait. Du moins; les aliens du film éponyme pouvaient faire fondre le verre. Mais ça, c’était dans le film. D’un autre côté, elle était dans un monde de fantasy.

 

“Certes. Mais en cours de chimie on utilisait du verre.”

 

Mais là encore, elle était dans un autre monde. Erin leva précautionneusement la bouteille de verre et observa les bords. Ça n’avait pas l’air de fondre. Elle posa tout de même la jarre dans un coin tout au fond de la cuisine. Au cas où.

 

“Okay. Fait. Je fais quoi maintenant ?”

 

Il lui fallut deux secondes pour comprendre ce qu’elle avait oublié. Erin se frappa le front.

 

“C’est l’heure du ménage.”

 

Elle se leva de mauvaise grâce et traîna des pieds jusqu’à la salle commune. Elle baissa les yeux à l’endroit où les mouches s’étaient agrégées sur son plancher et sa table et poussa un juron.

 

***

 

Traîner la table hors de l’auberge n’était pas facile, mais cela le devint un peu plus quand le bois se fendit en deux et qu’elle n’eut plus qu’à sortir les morceaux. L’acide avait rongé la base de la table et creusé le plancher. Ce qui voulait dire qu’Erin allait également devoir réparer le plancher après en avoir fini avec la table.

 

Mais bon, Klbkch l’avait aidée à réparer son plancher après l’attaque du Cheftain, et la compétence d’Erin, [Artisanat élémentaire], avait fait le reste. Cela lui prit une heure, mais une fois qu’elle en eût terminé, les seules traces restantes du passage des mouches étaient quelques planches d’une couleur un peu différente du reste et un mal de dos.

 

“Je déteste tous les insectes. Hormis Klbkch. Non, en fait, je le déteste aussi. Au moins, les insectes ne me mentent pas droit dans les yeux.”

 

Erin s’effondra dans sa chaise et contempla le plafond. Ce n’était pas un bon jour. Pour tout dire, elle le plaçait dans le top dix des pires jours qu’elle ait jamais vécus. Malheureusement, cela voulait dire qu’il fallait le placer dans les bonnes journées si on le comparait avec le reste de ceux qu’elle avait vécus depuis son arrivée ici.

 

“Wow, je n’aurais jamais cru être aussi reconnaissante d’être couverte de sciure et de sueur plutôt que de sang ?”

 

Elle rit, toussa quand de la poussière entra dans ses poumons, et se leva.

 

“C’est l’heure du bain.”

 

***

 

L’une des choses les plus glorieuses auxquelles Erin avait été introduite à Liscor était la maison de bains. L’entrée n’était naturellement pas gratuite. Elle devait payer cinq cuivres pour entrer, mais les bains étaient chauds et luxueux, et en valaient bien le prix. Elle s’en sortait bien, car elle payait le même prix que les Drakéides. Les Gnolls et les Garous devaient payer deux fois le prix à cause de leur fourrure.

 

Oui, les bains fumants étaient un délice qui valait bien n’importe quel spa de son monde moderne. Il suffisait à Erin de se plonger dans les eaux parfumées pour  oublier les douleurs de la réalité.

 

C’est pourquoi se baigner dans les eaux gelées du torrent était deux fois plus dur à présent. Erin plongea un pied dans l’eau, poussa un cri, puis décida de sauter avant de ne plus en avoir le courage.

 

***

 

L’avantage quand on est au milieu de nulle part, c’est qu’on peut se baigner nue, jurer et hurler autant qu’on le veut. Une fois qu’Erin se fut remise du choc de l’eau glacée, elle se frotta le plus vite possible, fit mousser la balle de savon qu’elle avait achetée à Krshia, et cria de nouveau quand elle aperçut le poisson dans l’eau.

 

Il jaillit hors de l’eau comme une torpille. Erin bondit sur les berges comme une fusée. Il la suivit, mais ne parvint pas à déterminer comment continuer à la pourchasser une fois sur la terre ferme. Erin courut en hurlant, frappa le poisson avec le seau qu’elle avait apporté jusqu’à ce qu’il cesse de bouger, et s’enfuit. Elle ne revint que plus tard après avoir eu une brillante idée.

 

***

 

Erin traversa péniblement la prairie, une jarre de verre dans une main et un couteau et un seau dans l’autre. Elle tenait le couteau pointé vers le sol. Elle n’était pas certaine qu’il s’agisse d’une règle applicable uniquement aux ciseaux, mais elle s’était dit que ça ne pouvait pas faire de mal de l’appliquer aux couteaux.

 

C’était bien plus tard. Pour dire la vérité, elle avait l’impression qu’une journée entière s’était écoulée, mais elle se retrouvait on ne sait comment dans la même journée. Le soleil commençait toutefois à se coucher à l’horizon, donc elle en avait presque terminé de cette journée.

 

De là où elle était, elle pouvait voir un halo vert émaner du poisson mort. Erin ralentit, posa son fardeau et mit sa main en visière. On aurait dit que ses proies l’attendaient déjà.

 

“Hm.”

 

Erin plissa les yeux. Toutes les mouches étaient posées sur le poisson. Ou à l’intérieur. C’était parfait.

 

Lentement, très lentement, elle s’avança vers le poisson sur la pointe des pieds, le seau à la main. Elle observa les mouches corrosives et les vit se frotter tout contre le poisson. L’acide de leur abdomen rongeait le poisson, et elles mangeaient la bouillie résultante.

 

“Oh wow. C’est immonde.”

 

Le poisson plat était plus coulant que plat à présent. Erin se demanda si elle aurait dû avoir la nausée, mais elle ressentait simplement une sorte de révulsion fascinée. Elle secoua la tête et se concentra de nouveau sur sa mission avant que les mouches décident de prendre un dessert avec le dîner.

 

Furtivement, Erin remplit son seau au torrent. Puis elle retourna en catimini vers le poisson et jeta son eau sur le poisson et les mouches.

 

Là encore, les mouches corrosives se retrouvèrent sur le dos en train de se débattre, incapables de voler. Erin retourna sur ses pas pour récupérer sa jarre.

 

“Prends ça ! Et ça !”

 

Erin commença à écraser les mouches corrosives avec sa jarre de verre. Elles explosèrent en gerbes d’acide et elle les tua toutes en un rien de temps. Ceci fait, Erin regarda le poisson mort.

 

Il était en grande partie fondu par l’acide. Erin le piqua de son couteau et eut un haut-le-cœur. Mais elle en avait besoin donc elle s’arma de courage et essaya de le couper en deux.

 

La lame du couteau plongea dans le poisson comme dans du beurre. C’était plus une sorte de boue que du poisson, à présent. Et malgré tous ses efforts, Erin ne parvenait pas à le couper en deux. Où qu’elle le coupe, la bouillie se refermait derrière son couteau.

 

Dégoûtée à plus d’un titre, Erin couvrit son visage d’une main.

 

“Évidemment que ça allait se passer comme ça.”

 

Elle avait besoin d’une cuillère, pas d’un couteau. À défaut de cuillère, elle utilisa le couteau pour récupérer un peu de bouillie de poisson. Elle regarda son couteau et sentit son estomac se soulever. Lorsque l’odeur de poisson pourri atteint ses narines, elle eut un petit rejet.

 

“Je peux le faire. Pense à l’argent. Pense à la nourriture. Pense à l’auberge. Ne pense pas au poisson.”

 

Elle prit plusieurs profondes inspirations en regardant ailleurs. Quand elle fut relativement certaine qu’elle n’allait pas vomir, elle baissa de nouveau les yeux sur la bouillie.

 

“Okay. [Artisanat Élémentaire] activé !”

 

Erin commença par prendre un peu de bouillie de poisson et en versa au fond de sa jarre de verre. Puis elle souleva le couvercle de verre et le retourna au sommet de la jarre de manière à ce qu’il y ait assez d’espace pour que les mouches puissent y entrer, mais pas suffisamment pour qu’elles puissent en sortir. Puis elle s’éloigna.

 

“Piège à mouches corrosives terminé !”

 

Erin contempla la jarre de verre. Elle leva une main pour se gifler doucement. Puis elle prépara trois autres jarres de la même façon.

 

“On va voir si vous aimez ça, bande d’andouilles.”

 

***

 

“Tu as un talent certain pour trouver les choses les plus dangereuses à faire, pas vrai ?”

 

Pisces frissonna en regardant les pièges à mouches corrosives. Il s’en écarta et frotta nerveusement ses bras. Erin lui sourit.

 

“Elles sont dégueulasses, hein ? Mais regarde – les jarres sont presque à moitié pleines, et ça fait à peine deux heures.”

 

“Fascinant.”

 

Il recula encore d’un pas. Erin lui fit les gros yeux, mais elle ne pouvait pas le juger trop durement. Ils étaient tous les deux à trois bons mètres des jarres de verre.

 

Pisces s’humecta les lèvres en regardant les jarres. La manière dont les innombrables formes luisantes bougeaient et se pressaient contre le verre était hypnotique.

 

“J’imagine… j’imagine que si les quatre bocaux se brisaient, la masse d’insectes qui en résulterait pourrait aisément nous recouvrir tous les deux et faire fondre notre chair en quelques instants.”

 

“Quelle image charmante.”

 

“Oui. Oui, j’imagine qu’elle hantera mes rêves ce soir.”

 

“Elles ne peuvent pas sortir des jarres. Elles ne sont pas assez intelligentes pour ça. Elles se faufilent à l’intérieur, mais le couvercle les empêche d’en sortir. Je faisais pareil avec les mouches à vinaigre chez moi.”

 

“J’applaudis ton ingéniosité. Mais puis-je me permettre de demander pourquoi tu as décidé de capturer un essaim d’insectes mortels qui se nourrit de la chair en putréfaction ?”

 

“Bah, ce sont des insectes. Je parie que Klbkch adorerait en manger.”

 

Pisces la regarda d’un air soupçonneux. Il secoua la tête.

 

“Si tu essaies de les cuisiner et que ça tourne mal, tu ne pourras pas dire que je ne t’aurai pas prévenue. Puis-je te suggérer d’en ôter l’acide avant de les servir à tes invités ?”

 

Erin jeta un regard noir à Pisces. Elle n’était même pas sûre de savoir pourquoi elle avait invité le mage à voir ses pièges. Elle voulait juste se vanter, et il avait été le seul à venir manger ce soir.

 

“Je ne comprends pas comment elles survivent, de toute façon, si elles explosent si facilement. Je veux dire, comment font-elles pour réussir à vivre assez longtemps pour se reproduire ?”

 

“En ayant très peu de prédateurs assez fous pour se risquer à les consommer. Ça, et le fait qu’elles sont en nombre à peu près infini.”

 

“Ah.”

 

Pisces agita une main en direction des jarres de verre.

 

“Celles-là ne sont que des mâles, de toute façon. Les femelles sont – sensiblement – plus grosses. Pour tout dire, le seul objectif du mâle est de récolter autant de nourriture que possible. Il dissout et absorbe autant de nutriments que possible dans la partie ventrale de son abdomen avant de retourner vers la femelle dans l’espoir de gagner sa faveur. Ils font tous ça.”

 

“Oh, un peu comme avec les reines des abeilles et des fourmis, c’est ça ?”

 

Erin jeta un œil à Pisces qui la regardait d’un air bouche bée.

 

“Quoi ?”

 

Il secoua la tête.

 

“Je n’étais pas conscient que tu étais tant versée dans la biologie des insectes, c’est tout.”

 

“Oh, je connais plein d’anecdotes rigolotes sur les animaux. Quand j’étais enfant je regardais Discovery Chann… je veux dire, je lisais plein de livres.”

 

“Tu sais lire ?”

 

Pisces lui lança un regard presque respectueux. Erin le regarda d’un œil noir.

 

“Évidemment que je sais lire. Je peux aussi jouer aux échecs, et je lis de la poésie. De temps en temps.”

 

“Tu joues aux échecs ?”

 

Erin lui lança de nouveau un regard noir, mais il semblait sincèrement curieux.

 

“Oh oui. Je joue aux échecs. Un tout petit peu. On peut dire que c’est l’un de mes hobbys.”

 

“Vraiment ? Incidemment, j’ai été considéré comme l’un des meilleurs joueurs des cités du Nord. Ça te dirait de faire une partie ? Peut-être en pariant quelques mises ?”

 

Pisces lui sourit d’un air innocent. Erin roula des yeux.

 

Une heure plus tard, Pisces étudiait les pièces d’échecs devant lui avec une concentration désespérée. Il déplaça le roi qui lui faisait face à gauche, puis à droite. Il tourna la tête pour voir le plateau sous un angle différent.

 

“Peut-être que si je…”

 

“Nope. Et même si tu essaies de prendre le pion, ça reste échec et mat.”

 

Erin ne prit même pas la peine de lever les yeux de son repas. Elle avait fait des œufs brouillés accompagnés de saucisse. Ce n’était pas le repas le plus excitant à manger, mais c’était bon, copieux, et toujours mieux qu’avoir à regarder Pisces.

 

“Je n’en reviens pas. J’étais… je suis l’un des meilleurs joueurs du continent ! J’ai vaincu des [Tacticiens] et d’autres mages de calibre et de talent similaire. Comment as-tu pu me vaincre ?”

 

Elle haussa les épaules.

 

“Les amateurs restent des amateurs. Au fait, je mets l’argent que tu as parié sur ton ardoise.”

 

“Ah. Ça. J’ai clairement mal calculé mon coup. Serais-tu prête à renoncer à mes dettes si je…”

 

“Non. Tu as parié et j’ai gagné. Inutile de négocier. Mange tes œufs.”

 

Erin entendit un reniflement bruyant, mais elle entendit également un tintement de métal contre la poterie un instant plus tard.

 

“Je dois admettre, ce plat est bien meilleur que ta malheureuse soupe d’hier.”

 

Elle leva les yeux. Pisces baissa rapidement les siens sur son assiette.

 

Après l’avoir regardé d’un œil noir pendant un petit moment, Erin posa une question qui la taraudait depuis un moment.

 

“Qu’est-ce que tu fais de tes journées, d’abord ?”

 

Pisces leva les yeux et avala ses œufs brouillés.

 

“J’étudie les royaumes mystiques du fantasmagorique. Pour dévoiler les secrets de l’éther et commander les forces surnaturelles, je…”

 

“Tu étudies.”

 

“Oui, c’est l’idée.”

 

Pisces haussa les épaules et se remit à mâchonner son petit déjeuner.

 

“Tu es vraiment forcé d’étudier tant que ça ? Je veux dire, tu ne connais pas déjà des sorts ?”

 

Il soupira.

 

“Malgré l’étendue de mon talent en magie, je ne peux pas jeter plus d’une poignée d’enchantements au-delà du troisième échelon, et je reste relégué aux deux premiers échelons dans tous les domaines qui ne sont pas ma spécialité.”

 

“Oh. Um. La magie a des échelons ?”

 

Pisces roula des yeux.

 

“En effet. Sept, ou huit pour être exact. Il y a des spéculations sur l’existence d’un neuvième échelon de la magie, mais aucun mage n’a jamais lancé ou découvert un sort d’une telle puissance magique. Dans tous les cas, les mages dans mon genre désireux de jeter ce genre de sort doivent être concentrés, avoir du temps, et s’efforcer de démêler le fonctionnement de chaque nouvelle incantation.”

 

Là encore, Erin dut marquer une pause pour comprendre ce que Pisces était en train de dire.

 

“D’accord. Donc tu étudies pour jeter de meilleurs sorts. Et j’imagine que ça te fait également prendre des niveaux ?”

 

“De toute évidence.  C’est un travail éreintant, d’autant plus qu’il faut également gérer les affaires subalternes telles que le logement et la sustentation lorsque l’on essaie d’étudier.”

 

Erin cala sa tête sur un coude.

 

“Ça te donnerait presque envie d’avoir un boulot, hein ?”

 

Pisces la regarda d’un air buté.

 

“Jusqu’à récemment, je disposais d’un travail plutôt profitable lors duquel je libérais les locaux de fournitures inutiles en échange d’un peu d’animation. Mais je dois à présent m’abstenir de ce genre d’activités pour rester dans tes bonnes grâces.”

 

“Ouais, et aussi parce que Relc a menacé de te poignarder si tu continuais. Ce n’est pas exactement ce qu’on appelle un bon choix de carrière, tu sais.”

 

Il renifla bruyamment.

 

“J’exerçais également une activité beaucoup plus lucrative, en soulageant des clients d’objets inutiles qu’ils n’étaient plus en mesure d’utiliser, mais c’est apparemment également considéré comme une grave violation de vie privée.”

 

“Tu pilles les morts ?”

 

“Je les enterrais de nouveau après coup.”

 

Erin ouvrit la bouche, leva un doigt, leva ses bras au ciel, et laissa tomber. Elle dévisagea Pisces alors que le mage terminait son repas d’un air vexé.

 

“Pourquoi ne fais-tu pas plutôt quelque chose de vraiment utile ?”

 

“Qui serait ?”

 

“Sais pas. Ça fait quoi, comme boulot, un mage ? Ça fait exploser des trucs avec des boules de feu ? Ça dispense de sages conseils ? Ou alors ils vendent leurs barbes ? J’ai trouvé des runes magiques dans la cuisine. Elles ont permis d’empêcher les aliments de pourrir pendant… je sais pas, des années.”

 

“Ah. Un sort de [Préservation], sans aucun doute. Oui, c’est sans doute un service que des mages aptes à manipuler les runes peuvent prodiguer à la plèbe.”

 

“… Et ? Tu peux le faire ?”

 

“Non.”

 

“Zut.”

 

“Je suis navré de ne pas être à la hauteur de tes attentes, mais j’ai bien peur que même un mage de mon calibre ne soit pas en mesure d’étudier toutes les écoles des arts supérieurs”.

 

Erin leva les yeux sur Pisces. Le mage raclait son assiette avec ses couverts. Elle était persuadée qu’il aurait léché son assiette si elle n’avait pas été en train de l’observer.

 

“Je n’avais pas d’attentes particulières te concernant. Je me dis simplement que c’est dommage, c’est tout. Tu sais faire de la magie et tu n’en fais rien.”

 

Pisces posa sa fourchette.

 

“D’aucuns diraient que la magie est une récompense en soi. Je fais partie de ceux qui le pensent.”

 

“J’imagine.”

 

Erin soupira. Elle avait l’impression de parler à un mur. Un mur particulièrement agaçant et à l’hygiène douteuse.

 

“Tu sais, si tu aidais vraiment les gens et que tu étais un peu plus gentil, je pense que tu serais vraiment quelqu’un de chouette. Pourquoi es-tu aussi grossier avec tout le monde ?”

 

Elle n’avait pas eu l’intention d’être méchante, mais sa pique toucha visiblement un point sensible. Pisces se redressa sur sa chaise, ses yeux lançant des éclairs.

 

“Jusqu’à présent, je n’ai trouvé personne qui soit digne de mon assistance. Pourquoi devrais-je aider ceux qui me jugent par ignorance et par peur ?”

 

Erin cligna des yeux. Le visage du jeune mage était pâle d’indignation, mais des taches de couleur s’enflammaient sur chacune de ses joues. Elle songea à lui poser une autre question… mais il n’était plus d’humeur à faire la conversation.

 

Erin se contenta donc de hausser les épaules et de se lever.

 

“Parce que tu es une meilleure personne qu’eux.”

 

Elle ramassa leurs deux assiettes et laissa le mage seul à sa table. Le temps qu’elle ressorte de la cuisine, il était parti.

 

***

 

Le jour suivant, Erin se leva et alla jeter un œil à ses pièges à mouches. Ils fonctionnaient avec une efficacité alarmante.

 

Les quatre jarres de verre étaient remplies de formes grouillantes. Erin y jeta un œil, eut un petit haut-le-cœur, et dut aller s’asseoir.

 

“Bon sang. Wow. C’est le pire truc que j’aie jamais vu.”

 

À la réflexion, c’était également la chose la plus effrayante qu’elle ait jamais vue. Erin se demanda ce qui arriverait si elle faisait tomber le couvercle d’une des jarres par accident. Elle se rappela le commentaire de Pisces sur la chair fondue et frissonna.

 

Prudemment, Erin s’approcha des jarres en se rappelant constamment à quel point il était important de ne pas trébucher.

 

Son pied se prit dans une touffe d’herbe. Erin fit de  grands moulinets désordonnés de ses bras et se rattrapa juste avant de trébucher sur l’une des jarres.

 

“Ça craint. Ça craint.”

 

Avant que son cœur ne cesse tout à fait de battre, Erin ajusta les couvercles de chaque jarre de manière à ce qu’ils soient bien étanches. Les mouches corrosives ne pouvaient plus du tout en sortir, à présent.

 

“Mieux.”

 

Erin soupesa l’une des jarres et sentit quelques mouches exploser à l’intérieur.

 

“Oouf. C’est lourd.”

 

Elle vacilla alors que les mouches tournoyaient dans l’acide. Venant d’insectes aussi petits, elle ne s’était pas attendue à un tel poids.

 

“Ça doit être tout l’acide dans leurs arrière-trains. Okay. Ça risque de prendre un bon moment.”

 

Erin fit un pas, puis un autre. Elle ajusta sa prise sur la jarre de verre pour être sûre de ne pas la lâcher. Elle allait devoir faire attention aux nids de poule du terrain, mais elle était plutôt satisfaite de sa posture. Elle fit un nouveau pas, et trébucha sur un autre piège à mouches.

 

Le sol se précipita vers le visage d’Erin. Elle réalisa qu’elle était toujours en train de tenir la jarre et elle la jeta loin d’elle juste à temps. Elle s’affala durement sur le sol et ses poumons se vidèrent sous le choc. Mis à part ça, elle était indemne.

 

Puis Erin entendit la jarre se briser en heurtant le sol. Elle roula sur ses pieds et se releva.

 

La grande jarre de verre avait volé en éclats sur l’herbe. Une bouillie acide vert-gris coula sur le sol, et de la vapeur en surgit avec un sifflement  lorsqu’elle entra en contact avec la terre. Pendant un instant, il n’y eut plus un bruit. Puis, avec un bourdonnement terrifiant, un essaim de formes noires prit son envol.

 

Erin sentit son cœur s’arrêter. Elle leva les yeux sur le nuage de mouches qui s’élevait en spirale dans les airs. Elles volaient furieusement, à la recherche de ce qui les avait dérangées. Erin recula doucement, priant pour qu’elles l’ignorent. Pendant un instant, elle crut qu’elles allaient partir, puis l’essaim changea brutalement de direction. Le nuage de mouches sembla se recroqueviller, puis il encercla brutalement Erin.

 

Son cœur s’arrêta. Il ne battait plus dans sa poitrine. Erin jeta des regards désespérés autour d’elle, mais elle ne vit que des mouches qui bourdonnaient, bourdonnaient. Elles emplissaient le ciel, le sol, tout.

 

“Je…”

 

Elles se précipitèrent sur elle. Erin hurla et couvrit ses yeux et sa bouche.

 

Rafale !”

 

Erin entendit la voix, puis un vent furieux se mit à souffler autour d’elle. Elle chancela devant la puissance du vent. L’effet de ce dernier sur les mouches corrosives fut encore plus dévastateur. Elles furent projetées loin d’Erin dans un entonnoir de vent qui les fit tourbillonner jusqu’à un endroit précis. Elles bourdonnèrent d’un air enragé, désorientées et embrouillées.

 

Tout comme Erin. Elle se tourna et vit un jeune homme au visage familier, habillé d’une robe sale et grise. Il pointait un doigt dans sa direction.

 

“À terre, Erin !”

 

Erin plongea au sol et se cogna durement par terre. Elle leva les yeux et vit Pisces lever une main. Un givre pâle se forma au bout de ses doigts et des rafales semi-visibles soufflèrent autour de son bras. Il pointa en direction de l’essaim de mouches corrosives désorientées.

 

“[Vent Glacé]”

 

Une douce brise effleura le sommet de la tête d’Erin. Puis, l’air craqua et ses cheveux gelèrent sur place. Erin pouvait vaguement voir le vent tourbillonner en passant au-dessus de sa tête. Sur son passage, de la neige se mit à tomber du ciel et elle sentit un froid intense l’envelopper.

 

L’essaim de mouches corrosives vola dans la brise glacée et tomba du ciel. Erin poussa un cri et courut alors que des insectes gelés explosaient au sol tout autour d’elle.

 

Elle plongea dans la rivière, et en sortit aussitôt d’un bond au cas où l’un des poissons plats essaie de la mordre. Lorsqu’elle eut essuyé l’eau de ses yeux, l’essaim lumineux avait disparu, et tout ce qu’il en restait était un cercle de terre fumante et d’herbe gelée.

 

Quand Erin eut fini de trembler tellement fort qu’elle ne pouvait plus bouger, elle se releva. Elle tremblait toujours de manière incontrôlable.

 

“C’est la chose la plus incroyable que j’aie jamais vue. Merci, merci, merci, merci.”

 

Elle se précipita vers Pisces. Elle ne savait pas trop si elle devait se jeter dans ses bras ou se mettre à pleurer. Elle finit par lui faire un câlin rapide, puis se ravisa et l’enlaça férocement. Il n’eut pas l’air de le remarquer.

 

Pisces était hors d’haleine. Il regardait la parcelle fumante où les mouches avaient été quelques minutes plus tôt, comme fasciné. Elle pouvait voir le blanc de ses yeux lorsqu’il les tourna vers elle.

 

“Ce… c’était un sort de débutant. Inadapté à la plupart des situations de combats et méprisé par mes enseignants. Toutefois, c’était le meilleur outil dont je disposais pour intervenir dans cette situation. Toute magie est bonne à prendre, après tout.”

 

“Certes.”

 

Erin acquiesça. Pisces hocha la tête. Ses yeux revinrent sur le bout de terre fondue.

 

“Tu m’as sauvée. C’était vraiment incroyable.”

 

Il secoua la tête et secoua faiblement une main dans sa direction.

 

“Je suis… je suis un mage de l’Académie de Wistram. En tant que spécialiste dans le domaine de la magie élémentaire de vent, ce genre de prestation est naturellement… naturellement…”

 

Pisces se pencha en avant et vomit dans l’herbe. Il eut un haut-le-corps, puis vomit de nouveau. Erin lui tapota le dos en attendant que ça passe.

 

Au bout d’un moment, Pisces s’essuya la bouche avec un coin de sa robe. Son visage était toujours pâle, mais il avait l’air d’aller mieux.

 

“Tu as eu de la chance que je passe dans le coin. Beaucoup de chance.”

 

Erin acquiesça.

 

“Oui. Beaucoup.”

 

PIsces acquiesça à son tour. Erin avait l’impression qu’ils étaient tous deux ces poupées de chiens qui bougent la tête à l’arrière des voitures, mais il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire. Il pointa un doigt tremblant aux trois jarres de verre contenant toujours des mouches acides.

 

“Si tu insistes pour utiliser ces pièges, puis-je suggérer que tu les fixes dans le torrent ?”

 

Erin le regarda sans comprendre.

 

“Le torrent ? Pourquoi ?”

 

“Plusieurs raisons.”

 

Pisces les compta en tremblant sur ses doigts.

 

“D’une, la flottabilité dans l’eau éviterait que le verre ne casse dans le cas où tu échapperais une jarre, ou du moins limiterait le danger des mouches corrosives. De deux, les effets du vent et de la faune seraient également limités. Et de trois, je ne risquerais pas de trébucher sur l’un de ces pièges.”

 

“Effectivement. Je peux faire ça.”

 

Elle ne savait pas si c’était vraiment le moment, mais elle avait presque cessé de trembler. Erin attrapa une pierre, y attacha un long bout d’herbe, et ancra la roche à une jarre de verre. Elle lâcha la pierre dans le torrent et regarda la jarre remonter et flotter dans l’eau.

 

“Hum. Il me faut quelque chose de vraiment lourd pour être sûre que ça reste droit. J’imagine que les jarres risquent de se renverser de temps en temps… mais ça devrait marcher. C’est mieux que de les laisser traîner au sol. Cent mille fois mieux.”

 

Pisces acquiesça de nouveau.

 

“Bien.”

 

“Heureusement que tu es venu.”

 

Les deux acquiescèrent de nouveau. PIsces ouvrit la bouche et grimaça. Il alla au torrent et rinça sa bouche en frissonnant. Puis il leva les yeux sur elle.

 

“Puis-je demander… qu’est-ce que tu veux faire, à présent, Erin ?”

 

Elle le regarda. Puis elle regarda les jarres pleines de mouches.

 

“Je vais rapporter ces jarres à l’auberge. Tu m’accompagnes au cas où j’en fasse tomber une. Et puis…”

 

“Et puis ?”

 

“Et puis je te nourrirai jusqu’à ce que tu exploses comme l’une de ces mouches.”

 

Pisces baissa les yeux sur les jarres et les mouches corrosives qui tournoyaient dedans. Il frissonna de nouveau.

 

“Une description adéquate.”

 

***

 

La jarre de mouches acides était un mélange d’acide et de mort. Les corps de centaines – de milliers de petits insectes flottaient dans une mer de jus vert lumineux. Cette dernière s’arrêtait sur les bords du verre, un testament obscène de la mort insectoïde.

 

“Attends, je crois qu’il en reste une.”

 

Erin secoua la jarre. La dernière mouche acide  rebondit contre le verre et remonta mollement à la surface.

 

“Qu’est-ce que tu vas en faire .

 

Elle leva les yeux vers Pisces. Le mage était assis à quelques tables d’elle, évitant délibérément de regarder les jarres.

 

“Je vais séparer les mouches de l’acide. Je ne sais pas ce que je vais faire de l’acide.

 

“Si tu t’en débarrasses, je te prie de le faire avec la plus grande prudence. Bien que l’acide de ces insectes ne puisse pas ronger le métal ou la plupart des matériaux conventionnels, il peut dissoudre la matière organique extrêmement rapidement.”

 

Erin acquiesça. Elle reposa précautionneusement la jarre dans son coin et se releva.

 

“Bon. Um. Tu veux un autre morceau de pain ? Ou un peu plus de jus ?”

 

À la vue du pain frais et de la coupe de jus, le visage du mage se teinta d’une indélicate couleur verte. Il caressa son estomac gonflé et rota. Il couvrit sa bouche d’une main, mais Erin était à peu près sûre qu’il avait failli vomir.

 

“Peut-être pas, alors.”

 

“Tu as été bien urbaine.”

 

Pisces se leva et agrippa son estomac. Il chancela, et ses yeux se focalisèrent sur la porte.

 

“Bien urbaine. Mais la nuit se fait vieille, et je crois qu’il me faut me retirer.”

 

“Tu es sûr ? Je peux te faire un sac de nourriture à emporter.”

 

Le vert sur son visage s’assombrit, et il agita précipitamment une main dans sa direction.

 

“Tu es vraiment prévenante, mais non. Non. Je vais y aller. Merci pour ton hospitalité.”

 

“Ce n’était rien. Je vais t’ouvrir la porte… là. Fais attention en sortant.”

 

Elle accompagna Pisces dehors puis se retourna pour regarder la table où il était assis. Elle était remplie d’assiettes vides et de miettes. Elle hésita à la nettoyer, puis secoua la tête.

 

Prudemment, Erin traversa son auberge. Elle s’approcha des trois jarres remplies de mouches corrosives et vérifia pour la énième fois que ses couvercles étaient bien fermés, et qu’elle ne voyait pas de mouche bouger.

 

Parmi les nombreux objets qu’Erin avait achetés chez Krshia, l’un d’entre eux était un tableau et un morceau de craie. Elle avait songé à y écrire sa liste de courses, mais elle essuya le tableau noir et s’appliqua à écrire à la craie. Puis elle posa le tableau sur le comptoir du bar.

 

Menu

Pâtes aux saucisses et aux oignons  ~ 3 p.c l’assiette

 

Jus de fruits bleus  ~ 2 p.c le verre

 

Mouches acides ~ 1 p.a l’assiette

 

Elle lâcha la craie sur le comptoir et jeta de nouveau un œil aux jarres de mouches mortes. Erin frissonna. Elle se frotta les bras et s’assit sur sa chaise. Elles étaient trop près. Beaucoup trop près.

 

Elle allait finir par s’endormir au bout d’un moment. Plus tard, elle se réveillerait en hurlant puis se rendormirait. Elle serait hantée par des bruits d’ailes bourdonnantes pendant une semaine. Mais pour le moment, les yeux d’Erin se fermèrent.

 

[Aubergiste Niveau 10 !]

 

[Compétence – Distilleure]

 

[Compétence – Instinct de Survie]

 

“ … je me demande si on peut faire des cookies aux mouches ?”

 


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