Traduit par EllieVia
1087 mots
Les deux Antiniums se déplaçaient sans un bruit. Xrn se tourna vers Klbkch.
“Comprends-tu ce que j’ai fait tout à l’heure, Klbkch ?”
“Oui, je le comprends, mais je ne sais pas pourquoi.”
Klbkch dévisagea Xrn. La Petite Reine poussa un soupir.
“Si nous avions eu le temps de discuter, tu le saurais. Mais comprends bien ceci, Klbkch. Je ne suis pas simplement venue évaluer les derniers travaux de ta Colonie. Il y a bien plus d’enjeux que cela.”
Klbkch hésita.
“Alors il semblerait que nous devions parler, en effet. J’avais peur de ce que tu pourrais me dire. À présent, je ne sais pas ce que tu es venu me dire.”
“Très bien. En ce cas, allons le découvrir.”
Ils rentrèrent à la Colonie.
***
À l’auberge, Halrac, Revi, Typhenous et Ulrien se tenaient dans le couloir pendant qu’Erin souhaitait la bonne nuit à ses derniers invités, et discutaient à voix basse.
“Nous partons demain, en ce cas. Halrac, tu es bien sûr de vouloir faire ça ?”
“Demande-lui, Ulrien.”
L’[Éclaireur] se tenait les bras croisés. Il lança un regard en bas de l’escalier. Il entendait Erin dire au revoir à Octavia.
“Il y a quelque chose, chez elle. Demandez à vos contacts et je demanderai aux miens. C’est tout ce que je veux.”
“Mais qui est cette fille ?”
Revi dévisagea ses coéquipiers. Aucun des trois ne lui répondit. Ulrien bâilla, et lança un regard en direction de sa chambre.
“Nous trouverons peut-être des réponses demain. En attendant… Joyeux Noël.”
“Ouais.”
“J’imagine ?”
“Joyeux Noël à tous.”
Halrac et Revi rentrèrent dans leurs chambres. Typhenous leur souhaita la bonne nuit. Il s’arrêta sur le pas de la porte, et se tourna pour vérifier que le couloir était vide. Puis il sourit et posa un doigt sur sa tête. Il murmura en entrant dans sa chambre.
“Sort de [Message] pour Lord Tyrion Veltras. Je vous prie d’enregistrer le message suivant et de l’envoyer sur le champ. Oui… je paierai le coût supplémentaire pour une livraison prioritaire immédiate.”
Il énonça un court message en fermant la porte de sa chambre. Nul ne l’entendit. Ou plutôt, Typhenous crut que personne ne l’entendit.
Pisces secoua la tête en annulant son sort d’[Invisibilité] et descendit sans un bruit les marches jusqu’au sous-sol. Les mages. C’était la même chose à Wistram – ils avaient beau connaître nombre de puissantes magies, même les meilleurs mages étaient imprudents. Qu’est-ce qu’il lui aurait coûté de lancer un sort d’[Assourdissement], ou un champ de [Son Contenu] ? Il n’avait eu qu’à coller son oreille sur la porte pour écouter !
“Qu’est-ce que tu fabriquais là-haut ?”, siffla Ceria qui se tenait avec les autres Cornes de Hammerad devant la trappe du sous-sol. Pisces agita les doigts et la magie spécialisée qu’elle était la seule à pouvoir lire clignota devant ses yeux.
Je te raconte plus tard. Il se passe beaucoup de choses.
Elle le regarda fixement, puis ouvrit la trappe à la volée. Yvlon et Ksmvr descendirent.
“Erin ? On va se coucher. Bonne nuit.”
“Oh. Bonne nuit !”
Erin se tourna et sourit aux Cornes de Hammerad. Ceria hocha la tête en observant les traits de l’Humaine. Mais Erin paraissait joyeuse, bien que fatiguée.
La Demi-Elfe et Pisces descendirent. Erin se tourna et vit Lyonette et Mrsha debout dans les escaliers.
“Il te faut autre chose, Erin ?”
“Non, je crois qu’on pourra nettoyer ça demain. Dormez bien, toutes les deux. Joyeux Noël !”
Mrsha répondit d’un petit bruit indistinct et ensommeillé, et Lyonette sourit.
“Joyeux Noël, Erin.”
Puis elle monta à l’étage. Erin resta plantée au milieu de sa salle commune en désordre, un léger sourire aux lèvres. Elle remarqua des pièces posées sur les tables et fronça les sourcils. Apparemment, on l’avait quand même payée pour la fête.
Elle fit le tour des tables pour ramasser les pièces. Ce faisant, Erin empila machinalement les assiettes. Lorsqu’elle arriva au niveau de la table renversée, elle s’arrêta.
Lentement, Erin scruta la salle sombre. La seule lueur provenait à présent de la cheminée. Elle s’en approcha pour contempler les braises. Elles luisaient dans les ténèbres, mais faiblement. Elles s’éteignaient, à court de combustible.
Elle se retourna. Personne. Erin était certaine que tout le monde dormait, à présent. Elle s’assit donc près du feu et contempla ce qu’il en restait.
“J’ai vraiment foiré, pas vrai ?”, murmura-t-elle doucement, sans vouloir réveiller qui que ce soit. Comment avait-elle pu faire ça ? Craquer devant tout le monde ? À Noël ?
Ses mains se mirent à trembler. À présent qu’elle était seule, vraiment seule, Erin sentit ses yeux la piquer de nouveau. Elle avait gâché Noël. Même si les gens étaient à présent heureux, elle les avait tous rendus tristes. Parce qu’elle-même était triste.
Mais elle était triste ! Erin contempla la lumière orange floue et s’essuya les yeux. Ses épaules se mirent à trembler.
En haut des escaliers, Lyonette ne fit pas un bruit. Elle contempla la silhouette assise devant la cheminée dans la pièce sombre. Elle entendit les bruits étouffés, presque indistincts dans l’auberge silencieuse. Puis la voix d’Erin.
Elle pleurait de nouveau. Quand personne ne pouvait la voir. Lyonette s’appuya contre la rambarde et entendit la voix d’Erin.
“Je veux rentrer chez moi !”
Erin fut agitée de sanglots incontrôlables, assise seule près de son feu mourant. Tapie dans les ombres, Lyonette la contempla. Elle tendit la main, puis se détourna.
Les yeux remplis de larmes, Lyonette retourna dans la chambre qu’elle partageait avec Mrsha, et referma doucement la porte derrière elle. Elle regarda le ciel dégagé par la fenêtre. Elle pleura elle aussi. Pas pour elle-même, mais pour Erin. Pour une jeune fille qui voulait rentrer chez elle.
Sa voix n’était qu’un murmure. Personne ne pouvait l’entendre. Lyonette, les yeux rivés sur le ciel sombre, prit tout de même la parole et s’adressa au monde et aux étoiles.
“Moi, Lyonette du Marquin, je jure sur mon nom. Je jure sur mon sang. Un jour, je…”
Dans sa salle commune, Erin se roula par terre. Elle continua de pleurer, relâchant toutes les émotions qu’elle avait accumulées et contenues si longtemps. Elle resta allongée au sol, le soir de ce qu’elle appelait Noël. La plus longue nuit débuta et Erin s’endormit sur le sol de son auberge, les yeux rouges, roulés aux pieds d’un feu éteint.
Le jour le plus court de l’année commença, et Erin Solstice dormit. Ses amis partirent en ville, la laissèrent à son chagrin. Erin était seule.
Seule.
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